Article Républicain Lorrain du 9/10: Jeu de rôles autour des services publics, hier, à metz : Quand la CFDT se met en scène

Dans la file d’attente de plusieurs heures, certains contribuables ont pris congé pour régler leurs affaires administratives avec, au final, des demandes inabouties. Le jeu de rôles était moins caricatural qu’il n’y paraissait. (Photo Karim SIARI)

Un clavier, un écran noir, un minuteur de cuisine, une agrafeuse… et deux casquettes. L’une, pour le secrétariat ; l’autre, pour le standard.

Derrière son bureau de fonctionnaire, le militant CFDT, standardiste et secrétaire d’un jour, tente de faire face à la demande des citoyens. Avec, en fond sonore, un serveur vocal qui tourne en boucle et annonce les traditionnels Tapez 1, tapez 2 , etc.

« Bonjour, je voudrais le document H284Q, c’est le bureau 1 223 du bureau 18 qui m’a dit de venir ici, annonce un contribuable en tête de la file d’attente.

– Ah, mais ce n’est pas possible, je ne peux rien pour vous, je viens d’arriver et personne ne m’a formé, soupire le fonctionnaire. Il faut aller au bâtiment F, mais, comme la fonction publique commence à se réorganiser, ce service peut être entre les bâtiments F et E. À moins que vous ne soyez VIP ?

– Et qu’est-ce qu’il faut pour être VIP ?, interroge le contribuable.

– Ben, être riche, c’est-à-dire gagner p lus de 200 000 € par an. Allez, au suivant, les 30 secondes que j’avais à vous accorder sont dépassées. »

Dans la conversation, notre secrétaire-standardiste a reçu un appel : « Allô, je ne suis pas dans les délais ? […] Mais 30 secondes, Monsieur le directeur, c’est très court […] D’accord, d’accord, j’ai bien compris, sinon c’est ma notation qui est bloquée ! »

L’extrait ci-dessus illustre le jeu de rôles caustique auquel se sont prêtés, hier, une cinquantaine de militants de la CFDT-Lorraine, section fonction publique, qui a déployé ses bureaux au pied de la colonne de Merten, rue Serpenoise, à Metz.

Pour la première fois, les militants ont dénoncé la déshumanisation des services publics en s’appuyant sur des exemples pas si poussés à l’extrême que ça. Plus sérieusement, selon la CFDT, il ne faut pas plus mais « de meilleurs services publics qui, aujourd’hui, sont désorganisés et ne répondent plus aux besoins des usagers », résume Dominique Marchal, responsable de la section syndicale. « Les fonctionnaires ne sont plus disponibles pour répondre au public, ils sont multicasquettes et ils font tout en même temp s, et, forcément, c’est le citoyen qui est pénalisé. » C.Q.F.D.

C. P.